Et ils osent parler de Chouchi ?

Opinion
Armenianz Staff
Armenianz Staff
19 août 2022 - 5 min de lecture
Et ils osent parler de Chouchi ?

Ceci est un article d'opinion. Prenez-le comme tel.

Cet article reprend le réquisitoire de Roman Bagdasaryan partagé sur Facebook. Nous l'avons simplement traduit.

Avant de passer au réquisitoire, nous voudrions situer le contexte pour les lecteurs peu familiers de la géographie arménienne.

Chouchi est une ville symbolique de l'Artsakh (Haut-Karabagh), région historiquement arménienne aujourd'hui disputée entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Après la guerre, en 1994, la ville est récupérée par les Arméniens, et la période post-URSS voulant, la corruption y règne, comme en Arménie d'ailleurs. Suite à la défaite arménienne de la seconde guerre en 2020, la ville est retombée entre les mains d'Aliyev.

Depuis, des opposants politiques arméniens reprochent au gouvernement d'avoir cédé la ville. Certains de ces mêmes opposants étaient aux commandes de la région entre 1994 et 2018 (révolution de velours en Arménie, qui a éloigné beaucoup de corrompus).

Le témoignage que nous relayons ici dénonce l'hypocrisie de ces personnes, qui ont fait régner la corruption dans la région, l'affaiblissant considérablement.

L'étendue de cette corruption présumée nous a sincèrement surpris, et dégoûtés.

- Armenianz


Chaque fois qu’on entend certains s’agiter, disant qu’il faut reprendre Chouchi, on est à la fois choqué par l’hypocrisie et pris d’une envie de rire.

En effet, nous avons tous une excellente mémoire et nous n’avons pas oublié la façon dont le « clan du Karabagh » a traité Chouchi de 1994 à 2020, date à laquelle la ville est tombée aux mains de l’ennemi.

1) Dès la libération de la ville en 1994, les généraux arméniens et le soi-disant « saint père » Pargev [Martirosyan] ont commencé à se partager les maisons et les appartements, empochant d'énormes sommes d'argent au passage.

Peu de gens savent que le « clan du Karabagh » a catégoriquement refusé d'aider les réfugiés de la région de Shahumyan à se loger. Au lieu de cela, ils vendaient des appartements à droite et à gauche pour 2 000 dollars.

Le révérend Pargev, oubliant sans doute qu'il est un serviteur de Dieu et non un agent immobilier, a eu le comportement de loin le plus répugnant. Qui a donné au « saint père » le droit de se livrer à de telles actions dégradantes ? Est-ce que nous devons payer pour ses péchés ? Aujourd’hui, l'homme, devenu milliardaire, passe du bon temps aux États-Unis.

2) Entre 1994 et 2020, seulement 2965 personnes se sont installées à Chouchi... Bizarrement, pas un seul des 11 millions d'Arméniens ne voulait venir y vivre...

3) Nemets Rubo [Ruben Hayrapetyan] avait construit un manoir dans la ville, où il organisait des soirées débridées avec des filles venues d’Ukraine. Les grandes figures locales se faisaient un plaisir d'y participer.

4) Les dirigeants de l'Artsakh ont transformé la forteresse de Chouchi en un véritable enfer, où jusqu'en 2018, on jetait en prison des soldats innocents et des hommes d'affaires arméniens, ces derniers refusant de céder leurs biens aux grandes pontes locaux...

Les employés de la forteresse ont soumis les gens aux tortures les plus inhumaines. Selon les témoignages des prisonniers, la direction de la forteresse, les gardes du corps des dirigeants locaux, les employés du SSN (Service de sécurité nationale) d'Artsakh et la police ont tous participé aux actes de torture.

Les officiers, généraux et enquêteurs de l'Artsakh montaient ensemble de toute pièce des affaires contre les soldats innocents, les jetaient dans la forteresse, puis appelaient leurs parents en Arménie pour récolter leur rançon.

La plupart des prisonniers ont été torturés à mort par ces barbares, d'autres sont devenus mentalement instables et certains sont morts de maladies.

5) Dévalisant le budget de l'Arménie, les autorités de l’Artsakh ont transféré le ministère de l'Éducation dans la ville, dépensant d'énormes sommes d'argent pour cela.

On sait maintenant que pendant la guerre de 44 jours, les employés du ministère n'ont emporté aucun des articles exposés sur place. La raison est très simple : ces gens ne connaissent rien à la culture. C’étaient soit les maîtresses, soit les proches de certains hauts placés.

6) Pargev a transformé l'église de Chouchi en un lieu de blanchiment d'argent. C’est le lieu idéal pour amasser de l'argent sans rendre de comptes. Après quoi il a partagé son butin avec les membres du « clan du Karabagh ».

7) La ville était remplie d'espions azerbaïdjanais. Après la guerre, il s'est avéré que des Azerbaïdjanais travaillaient dans des hôtels et transmettaient des informations. Que faisait le SSN d'Artsakh ? Les espions devaient vraiment rire en voyant le SSN fouiller les blogueurs et journalistes qui faisaient juste leur travail.

C'est sans doute pour cela que nous avons subi une déculottée, parce qu’on s’occupait de tout sauf de ce qui était important.

8) En fait, on n’a construit aucun restaurant ou piscine à Chouchi en 26 ans. Il n'y avait pas un seul endroit où aller manger.

9) Ni Sirusho, ni Mariam Merabova, ni Shushan [Petrosyan] [artistes soutenant l’opposition, NDT], n'ont donné de concert caritatif gratuit pour les habitants de Chouchi.

10) En 26 ans, le gouvernement d'Artsakh n'a fourni aucun transport de qualité entre Chouchi et Stepanakert, alors que la distance entre les deux villes n'était que de 8 kilomètres !

11) Le gouvernement d'Artsakh n'a construit aucune usine dans la ville.

12) Les autorités d'Artsakh n'ont construit aucune aire de jeux pour enfants à Chouchi pendant 26 ans, spoliant l'argent qui était destiné à ce type de projet.

13) N'est-il pas honteux d'appeler Chouchi un centre culturel arménien et de n’avoir rien fait pour lui donner vie ?

14) Et qu'a fait Ara Abrahamyan pour Chouchi ? Combien de fois Ruben Vardanyan a-t-il organisé des forums pour le développement de la ville ? Avons-nous vu Robert Kocharyan lancer une initiative pour la ville au moins une fois ? Et ces gens osent parler de Chouchi aujourd’hui ?

15) Pendant 26 ans, pour nous Arméniens, Chouchi s'est transformée en une ville de larmes, de malheur et de souffrance.

Personne n’a réagi quand un soldat s’est fait battre dans la forteresse pour avoir volé du raisin, tandis que des gens comme Movses Hakobyan se construisaient des manoirs.

Il semble que Dieu s’était tout simplement lassé de nous, c'est pourquoi il nous a enlevé Chouchi.

Roman Bagdasaryan (Traduction par Armenianz)