24 avril : une communication défaillante
Une des motivations ayant poussé à la création d'Armenianz est l'idée de faire des propositions. Et celle-ci nous tenait particulièrement à cœur.
Dans un article du Méridional intitulé Génocide des Arméniens – La mémoire ne doit pas être mise au service des enjeux politiques du 22 avril 2022, Raphaëlle Paoli donne la parole à Gilbert Derderian sur la question des commémorations du Génocide des Arméniens, organisée tous les ans le 24 avril.
Nous allons reprendre les points principaux soulevés dans cette publication, à travers une série d'articles dont voici le premier.
Une communication du siècle dernier
Nous sommes nombreux à regretter l’absence d’une communication nouvelle, qui soit à la hauteur des enjeux imposés par l’expression d’un besoin de mémoire ouvert sur le XXIème siècle.
Nous rejoignons Monsieur Derderian sur ce sujet. La communication autour de ces commémorations reste très vieillotte, et souvent inefficace.
C'est à peine si les réseaux sociaux de certaines localités mentionnent le programme de la journée du 24...
Une lectrice nous a contacté l'an dernier pour savoir si quelque chose était organisé dans sa ville... Rien de la part des instances locales en charge de l'organisation des commémorations...
Il y a aussi la campagne nationale qui est en parfait décalage avec l'urgence des événements actuels.
En 2020, on a eu droit au summum du mauvais goût :
Puis en 2021, on a cru voir une publicité pour les Loups Gris (l'équivalent des néo-nazis turcs)...
Il ne faut pas s'étonner que les gens se sentent déconnectés...
Une formule dépassée
107 années sont passées et nous sommes restés sur les mêmes base d’une représentation du génocide des Arméniens des plus clivantes. Jusqu’à reproduire les mêmes postures, les mêmes discours, les mêmes déambulations.
La modernité n'est pas seulement absente de la communication : mis à part les détails techniques et logistiques, les Arméniens ne répétent-ils pas grosso modo le même programme tous les 24 avril ?
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Tous les ans, une série de déclarations qui répétent les mêmes éléments de langage.
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Tous les ans, un défilé qui suit le même parcours, en hurlant les mêmes slogans.
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Tous les ans, les mêmes discours de politiciens et autres figures locales.
À peu de choses près, c'est le déroulement attendu et éculé des commémorations. Il est triste de voir que parfois, si quelque chose a changé, on revient toujours au même moule l'année suivante...
Le repli sur soi
La communication autour des commémorations est presque exclusivement tournée vers les Arméniens, au lieu de cibler la population en général. L'événement reste communautaire, donc très confidentiel, caractéristique de l'entre-soi arménien.
On se rassemble tous les ans pour répéter que le Génocide de 1915 fait partie de la mémoire du monde, mais le seul monde qui va l'entendre, c'est la communauté arménienne locale !
Nous adressons ces questions aux Arméniens :
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Quand avons-nous la dernière fois proposé à nos amis non-Arméniens de se joindre à nous pour ces commémorations ?
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Quand les avons-nous invités à manifester à nos côtés ?
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Des présentations, des projections de film, des concerts ont parfois lieu au cours de la semaine. Avons-nous même pensé à inviter nos amis à y assister avec nous ?
Et nous, de notre côté, avons-nous un jour seulement songé à nous joindre à d'autres communautés qui organisent des choses similaires ?
Nous ne sommes pas seuls au monde.
On se réveille
Il est fini le temps où les Arméniens de France manifestaient contre l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne. Les enjeux ont changé. Le génocide n'est plus une question du passé seulement.
La haine anti-Arménienne se ravive au Caucase, et il faut que les Arméniens réagissent de façon plus efficace.
Et cela doit passer par un rapide examen de soi.
Cet article est une proposition.
Si vous avez vous aussi une idée qui vous tient à cœur, n'hésitez pas à nous en faire part.